Le village
Un peu d'histoire...
Oltingue, un riche terroir dans le Jura sundgauvien
Quelques données d’histoire générale
On trouve à Oltingue des traces d’activités humaines au Mésolithique et au Néolithique. Des découvertes isolées ou très fragmentaires témoignent d’une présence humaine assez importante à l’Âge du bronze. (2300-850 av. J.C). A cette époque, l’habitat dans notre région est constitué de petits sites, de hameaux, voire de fermes isolées. Le schéma d’occupation du sol reste le même à l’Âge du fer, même si cette période, comme du reste celle du Hallstatt, a laissé moins de traces. De nombreuses trouvailles de monnaies séquanes (celtes) de la Tène finale, ont été signalées ces dernières années. Le maillage des établissements gallo-romains est très serré au milieu du 1er siècle de notre ère. On connaît l’important site de l’Au-Spielberg, (Saint-Martin) dont les vestiges au sol, ont fait penser à l’existence d’une ville, ainsi que ceux de Saint-Blaise-Lunaris (ou Lilis), de Folgensbourg, de Bouxwiller, de Rodersdorf, de Wolschwiller (Toracker), de Lutter-Lutra (sechs jurta) etc.
Au VIIe siècle, sans doute, cinq nouveaux habitats, dont quatre sur l’Ill, sont venus se juxtaposer au domaine gallo-romain avec des cimetières mérovingiens, notamment celui d’Oltingue au «Muerecka», celui de Horwe, le village du haut, vers Wolschwiller, celui du talus de Huttingue, sans oublier Kolbsingen. Le petit cimetière de Saint-Brice est sans doute entièrement carolingien. A la fin du VIIe, le pays de Ferrette appartient à l’aire culturelle romano-burgonde, donc à la Burgundia franque. Ce fait est flagrant pour des éléments du costume féminin, comme les grandes plaques-boucles du type B retrouvées à Durlinsdorf, Lutter, Werentzhouse et plus récemment à Rodersdorf, village soleurois mitoyen d’Oltingue. Cette longue survivance de l’élément celto-romain est aujourd’hui attestée par l’archéologie et l’anthropologie. Au haut Moyen Âge, le domaine d’Oltingue fait partie, soit du pagus alsegaugensis (Elsgaudia ou Ajoie, à cheval sur les diocèses de Besançon et de Bâle) soit du pagus alisaciensis. Plus tard, il est englobé dans le comté de Haute- Alsace, puis dans celui de Montbéliard. Le village est mentionné pour la première fois dans un texte en 1141.
Au Moyen Âge central, Oltingue est terre d’abbaye (Murbach) dans le comté de Ferrette. La paroisse est rattachée au décanat du Leimental dans le diocèse de Bâle. En 1300, il y avait quatre habitats distincts dans le «Kilschspel» d’Oltingue, qui correspondait exactement au finage actuel : Oltingen, Huttingen (in banno ville Huttingen en 1356 ), Horwe (ou Horwa) et Kolbsingen (in bannis villarum Oltingen et Kolpzshingen, 1289,1332).
En 1324, Oltingue et le comté de Ferrette deviennent «habsbourgeois» et le resteront jusqu’à la guerre de Trente Ans (1632-1648), mis à part les épisodes bourguignons de 1393-1426, (Catherine de Bourgogne) et surtout de 1469-1474. ( Charles le Téméraire) De nombreux établissements religieux sont possessionnés à Oltingue, dont l’abbaye de Lucelle, St.Clara (clarisses), Gnadental, Sanct Maria-Magdalena, Prediger, Barfüsser et Spital de Bâle. En 1445, Oltingue et Horwe sont dévastés par les Bâlois.
Oltingue était le plus grand village de la seigneurie de Ferrette. Il regroupe déjà le plus grand nombre de tenanciers ou d’unités économiques dans les terriers du XIVe siècle.
La paroisse d’Oltingue est appelée «ein schöne pfarkirch» dans un état de la seigneurie de Ferrette en 1567. Le terrier général rédigé vers 1600, dit “Oltingen ist ein hibsch groß dorf und laufft die Ill dardurch hat 65 burger und 65 hoffstätten». « Oltingue est un beau et grand village par lequel passe l’Ill et dans lequel il y a 65 bourgeois et autant de maisons».
La basse justice appartient aux seigneurs de Morimont et aux barons de Ferrette, la haute justice relève de la seigneurie de Ferrette. En 1667, le village «compte jusqu’à 59 (feux) tant d’habitants que de bourgeois, 12 grands garçons, 32 charrues et 32 chevaux. Son circuit est de deux bonnes heures et son territoire que la rivière Ill arrose, très excellent. Tout y est en valeur, les prés produisent de bons foins, les terres épeautre et avoine, et les vignes du petit vin qui se boit dans le pays».
Le village d’Oltingue a inspiré des termes élogieux à M. de l’Hermine (de son vrai nom Lazare de la Salle) dans ses «Mémoires de deux voyages et séjours en Alsace» (1674-76 et 1681). « Bientôt après nous trouvâmes des chemins presque impraticables jusqu’à Wolschwiller, d’où nous fûmes à Oltingen, beau grand village, dans un meilleur canton. Le maire de ce lieu me fit toutes les caresses à la mode de son païs, tendre la main, apporter du vin et du pain poudré de sel, il ne tint pas à lui que nous ne passassions la journée chez lui à boire…»
En 1751, Oltingue compte 109 feux, 43 laboureurs, 31 pionniers. Il y a 68 boeufs, 86 vaches et 27 chevaux. Il y a 3 moulins, 1 scierie, 1 ribbe (foulon). « Le territoire contient 1044 journaux de champs (dont 21 exempts) du rapport de huit sacs le journal d’épeautre et de trois sacs, celui d’avoine, 637 fauchées de prés (dont 12 exempts), du produit de 10 à 15 quintaux de foin, 22 arpents de vignes du produit de huit mesures l’un. 499 arpents de bois appartenant à la communauté suffisent pour le chauffage et bois de bâtiment des habitants qui ont aussi 12 fauchées de prés communaux, faisant un total de 1812 arpents. Le pâturage est suffisant pour les bestiaux du lieu et le village est le meilleur de tout le bailliage, les habitants sont à leur aise, ils sont à portée de toutes les villes de la frontière pour le débit de leurs denrées, surtout en grains, les terres sont chargées de terrier, mais d’un bon produit et de bonne qualité…».
L’histoire contemporaine en bref
1790 : Création d’une commune du canton de Ferrette.
1871-1918 : Commune du Reichsland
1888 : Création d’un corps de sapeurs pompiers
1908 : Création d’une caisse de crédit qui deviendra le Crédit Mutuel
1909 : Construction d’un réseau d’adduction d’eau
Dans sa séance du 5 juillet 1914, le conseil décide de la mise en place d’un réseau électrique dans le village.
La guerre 1914-1918. Lorsque le front se stabilise fin janvier 1915, les Allemands font construire une haute clôture de fil de fer barbelé, qui sera électrifiée en 1917, («Südzaun») pour empêcher la désertion en Suisse et tout trafic de renseignements. Un agriculteur a été tué par une décharge électrique ainsi que deux soldats alsaciens déserteurs. Durant cette période, la commune a accueilli des habitants évacués de Hirsingue.
1922 : Le 11 novembre on inaugure le nouveau monument aux morts
1923 : Naissance de la société de musique «Jura», qui succède à une formation en activité jusqu’à la guerre 14-18.
1924 : Acquisition de la première radio (Jules Schneider).
1925 : Ouverture de l’usine textile Schlumberger-Steiner.
La grande crise économique de 1930 entraîna une première fermeture de l’usine (1934) qui reprit son activité en 1936. L’usine est restée fermée pendant les hostilités. Après la Libération, elle reprit son activité, mais pour une courte durée (1945-1949), les métiers étant trop vétustes. En 1960, elle fut reprise par la Manufacture de Bonneterie et a produit des bas et des chaussettes. En 1972, l’outil de production tombe entre les mains des Ets Muller de Zurich, qui développent le tricotage de survêtements. En 1974, l’usine est fermée. Suntex prend le relais pendant quelques années, avant que la société Bubendorff de Saint-Louis ne s’installe dans les locaux, pour la production de caissons pour volets roulants (filiale Cobat).
Vers 1936, on commença la construction de la ligne Maginot : mise en place des champs de rails en 1935/36 menant de Huttingue à Linsdorf et construction de casemates (1937).
Guerre et occupation 1939-1945.
La population a été évacuée dans les Landes. (1er septembre 1939-octobre 1940)
89 personnes ont été déportées en Allemagne (dont 2 décédées en déportation); 35 jeunes hommes ont été incorporés de force (5 internés à Tambow); 12 sont morts sur le front Est (ou des suites de blessures); 108 personnes sont restées repliées jusqu’en 1945 dans les Landes ou ailleurs; 56 fugitifs ont transité par la Suisse; 8 jeunes hommes se sont engagés volontairement dans la Ire Armée française; 4 personnes “handicapées mentales» ont été éliminées par les nazis à l’hôpital psychiatrique de Hoerdt. On a déploré 2 victimes civiles lors de la libération (20 novembre 1944); 4 personnes ont été internées dans des camps de concentration (Schirmeck, Gaggenau).
1946 : Création du football-club d’Oltingue. Dissolution en 1954, puis recréation en 1965.
1949 : La première «machine à laver» (lave-linge) est achetée.
1955 : Achat du premier téléviseur par un particulier (Jules Schneider)
Le remembrement, demandé en 1953, réalisé en 1958, a ramené le nombre de parcelles de 4824 à 1031. Il a suscité des oppositions au sein d’une partie de la population. En 1963, furent inaugurés un réfrigérateur collectif et un centre collecteur de lait pour la coopérative laitière à Saint-Louis.
1962 (15 décembre) : Création d’une équipe de basket sous le nom d’Association sportive d’Oltingue. Officialisation le 2 avril 1963.
1966 : 1er cortège historique et folklorique des « Fêtes de la Moisson». Dernière organisation en 1986.
Le 25 septembre 1972, création de l’association «Maison du Sundgau-Musée Paysan». Ouverture du musée en automne 1973.
15 janvier 1973 «Précision Oltingue» (Préco), filiale de la société Diamental de Bienne ouvre ses portes (35 personnes). Fabrication de boîtiers de montres haut de gamme.
En 1990, Préco, prend le nom de Diamétal-France : la société produit aujourd’hui des meules diamantées de précision.
En 2004, le village a près de 28 sociétés (commerce, artisanat, production industrielle), 7 agriculteurs à temps plein et neuf à temps partiel. Au niveau de la vie associative, on ne recense pas moins de 15 associations.
Population
Démographie ancienne (feux)
Vers 1620 = 90 feux (50 charrues); 1654-1655 = 48 feux (25 charrues); 1667 = 59 feux (32 charrues)
1689 = 65 feux ; 1720 = 86 feux ; 1751 = 109 feux ; 1760 = 94 feux; 1763 = 113 feux ; 1766 = 113 feux ; 1788 =144 feux.
Période révolutionnaire (habitants)
1789 = 635 habitants ; 1790 = 666 habitants ; 1793 = 698 habitants ; an II =666 habitants; an IV = 627 habitants (+ml =651)
Démographie contemporaine (habitants)
An VIII = 717; an IX = 723 ; an X = 705; an XII = 786; 1806 = 701 (+ml = 711); 1807 = 705; 1809 = 736; 1820 = 786; 1826 = 815; 1831 = 852; 1836 = 837; 1841 = 885; 1846 =877; 1851 = 846; 1856 0 818; 1861 =838; 1866 = 873; 1871 =846; 1875 =850; 1880 = 812; 1885 =797; 1890 =751; 1895 =732; 1900 =702; 1905 = 702; 1910 =687; 1921 = 662; 1926 =750; 1931 = 746; 1936 =746; 1941 =649; 1945 =692; 1946 =699; 1954 = 678; 1962 (A) =621; (B) =651; 1968 = 657; 1975 = 719; 1982 =728; 1990 =711; 1999 = 772
Origine du nom de la commune
A propos de l’origine du nom Oltingue (francisation de Oltingen)
Plusieurs explications ou hypothèses ont été avancées par les linguistes.
On peut retenir d’abord la thèse la plus courante, qui me semble aussi la plus probable.
1). D’un nom de personne germanique (VIIe s.)
Odolt (voire Audold) avec la désinence ou le locatif -ingen-.
Premier document sûr, 1141, Ooltingen ( copie de la 1ère moitié du XIVe siècle, en latin ).
L’exonyme roman de Oltingen / Oltigen dans le canton de Berne (sur l’Aar) est en 1192-1196 : Otoldenges / Otholdenges. ( Oltudengo <Otuldengo en 1060 ? ).
2). Pour Michel Paul URBAN, (in, Lieux-dits, dictionnaire étymologique et histoire des noms de lieux en Alsace, Editions du Rhin, 2003,p227), le mot Oltingen / Oltingue, découlerait du latin altus = haut. “là où il y a une hauteur”. Ou du thème paléoeuropéen AL – T “au-dessus de l’eau”, suivi du suffixe – ink- . L’auteur s’appuie sur le postulat que le site primitif du village n’était pas au bord de l’Ill, comme aujourd’hui, mais sur les premiers contreforts de la montagne.
3). A l’enquête de Pénot (XIXe siècle), l’anonyme répondit “La signification du nom d’Oltingue est, selon un vieux dicton, “toutes choses”, en allemand, “Alle Ding”, à cause de la variété des productions”.
Cette interprétation des gens d’Oltingue n’a évidemment aucun fondement historique.
4). La quatrième hypothèse, a été proposée par R. SPECKLIN. Elle n’est pas dénuée de fondement.
Oltingen, relève-t-il, est une variante de Altingen, très répandu comme lieu-dit. On le trouve à Leymen, Biederthal et Durlinsdorf.
Alt (vetus, antiquus, vieux) avec ajout de ing.
Altingen est devenu nom de lieu en Allemagne (Bade) sous la forme Haltingen, (à quelques kilomètres de Bâle) aussi bien qu’en Suisse, près des sources de l’Ergolz.
Source : Munch Gérard
Énigme du blason
L’énigme du blason d’Oltingue pourquoi porte-t-il la lettre B ?
Les héraldistes du roi ont lu B là où il y avait un G
La plus ancienne représentation des armoiries du village d’Oltingue se trouve dans l’Armorial général. Ce grand recueil remonte à Louis XIV qui ordonna sa confection en 1696. Officiellement le roi se proposait par cette mesure de mettre un ordre définitif en cette matière. En fait il s’agissait de procurer de nouvelles rentrées aux caisses de l’État : toutes les personnes physiques ou morales, en possession d’armoiries ou désireuses d’en avoir, devaient les faire enregistrer en payant une somme fixée par tarif.
Les collectivités et les individus, obéissant à la volonté du roi, envoyaient alors un dessin. S’ils refusaient ou négligeaient de le faire, le bureau d’enregistrement leur attribuait d’office des armoiries. Ainsi des centaines de communautés ont été gratifiées dans certaines régions de France, d’armoiries en séries. Pour l’Alsace, les travaux étaient terminés en 1704.
L’Armorial général
La communauté des gens d’Oltinguen Dargt a une demie roue de Ste Catherine de gueules, adextrée de la lettre O. de sable et senestrée de la lettre B. de même.” Ces armoiries (roue de supplice dite de sainte Catherine, avec des crochets sur sa périphérie) rappellent la chapelle Sainte-Catherine, mentionnée pour la première fois en 1286. Elle était située à l’intérieur du château, Rosenhof ( emplacement actuelle : 15, rue des roses ) tout près de la porte d’entrée et de la tour d’angle, nord-est. Jusqu’à présent, on admettait que le O, était la lettre initiale de Oltingue.
Ce qui est normal et en conformité avec l’ensemble des blasons de France. En revanche, la présence du B a fait l’objet de spéculations et d’hypothèses les plus extravagantes. Jusqu’à dire que ce B, serait celui de Bouxwiller, mairie ou “Meiertum” autrichien dont dépendait Oltingue. Mais Fislis aussi fut siège de mairie, alternativement avec Bouxwiller. Et on voit mal la communauté d’Oltingue, la plus importante de la seigneurie de Ferrette, qui contribuait au tiers des revenus de celle-ci, faire figurer la lettre B d’une petite communauté du bailliage, fût-elle de temps en temps, siège du “Meiertum.”
A fortiori, à l’époque française (1700) où cette division administrative a perdu sa signification depuis 50 ans. Lutter (Lutra) qui a formé avec Oltingue, une seule et même seigneurie, puis une seule paroisse, pendant plusieurs siècles, s’imposerait alors plus logiquement. Mais les deux lettres posées sur les blasons, qu’ils soient alsaciens, lorrains ou autres, se réfèrent toujours à une seule localité.
C’est une règle absolue que l’on comprend aisément en 1700. Exemples voisins : Bettlach, BL ; Fislis, FL. Cette règle que l’on observe particulièrement dans le Sundgau est d’une simplicité enfantine. On prend à peu près dans tous les cas sauf nom composé la première lettre du mot (ou du radical), le O pour Oltingue, et l’on fait appel ensuite à l’une des lettres “force” qui restent.
Dans la majorité des cas, c’est la première lettre de la désinence. Sinon on choisit au hasard, un peu selon l’humeur du moment.
Jumelage avec Créon d’Armagnac
Entre Créon d’ Armagnac et Oltingue c’ est une belle histoire d’ amitié longue de plusieurs décennies qui a pris naissance en 1939 aux heures sombres de l’ évacuation des Alsaciens dans les Landes. Cette amitié s’est couronnée en août 2004 par un Serment de Jumelage engageant les deux communes à maintenir des liens permanents, favoriser les échanges dans tout les domaines et développer les sentiments de fraternité.
Depuis lors, plusieurs rencontres entre les deux communautés ont été organisées. De nombreux villages du Sundgau ont un système de parrainage. En 2024 à Souston (40140), 1500 Alsaciens et Landais ont célébré les 85 ans de l'évacuation.
Fin 2019 Créon a créé une association des Amis d’Oltingue.
Site internet de Créon d’Armagnac : https://www.creon-armagnac.fr/